Ce matin, après un petit déjeuner dans un univers non mouvant, petit transfert de 12 kilomètres à l’Ouest de Ushuaia, vers le parc national de la Terre de Feu, à la frontière avec le Chili. C'est le parc le plus austral d'Argentine. Le parc de la Terre de Feu couvre une superficie de 63 000 hectares et abrite une grande variété d'écosystèmes, notamment des forêts, des montagnes, des lacs et des rivières. Il a été nommé parc national en 1960 pour préserver cet écosystème composé de forêt subantarctique. On y trouve des renards roux, des castors, des guanacos et des condors des Andes. Situé sur le littoral, ce parc est le seul parc argentin qui profite d'une côte marine. Cette côte de six kilomètres le long du canal Beagle préserve d'ailleurs un merveilleux écosystème marin. La baie de Lapataia, considérée comme l'un des plus beaux endroits du parc, offre une vue imprenable sur le fjord turquoise, la montagne et la forêt.
Seule une petite partie du parc (2 000 hectares) est ouverte au public. L'accès à la grande majorité des sommets déchiquetés, vallées glaciaires et forêt de lengas et de coihues du parc est interdit. L'arbre caractéristique du parc et de la région est le lenga (ou hêtre de la Terre de Feu), qui peut atteindre jusqu'à 30 mètres de hauteur.
Le parc est peuplé de très nombreux castors du Canada, importés dans les années 1940 par l'Argentine pour le commerce de la fourrure. Sans prédateur dans le parc, le castor s'est particulièrement bien adapté à son environnement et sa population est devenue incontrôlable. L'activité débordante des castors sur les arbres a aujourd'hui un impact environnemental inquiétant sur la forêt, et menace l'équilibre de l'écosystème du parc. Pique-nique dans la baie puis nous ferons une belle balade en suivant un sentier côtier. Retour à Ushuaia dans l’après-midi. Temps libre.
Quelques notes de l’expédition 2010…
Petit transfert en direction de la Baie de Lapataia, située à l'extrémité Sud des 3079 kilomètres de la Ruta 3 qui part de Buenos Aires. Plusieurs petites promenades (laguna Negra, Punto Diablito, vallée des Castors) nous ont permis d'admirer la baie, les zones de tourbières, les barrages de castors. Une plus longue balade, en suivant un sentier côtier, nous conduit ensuite jusqu'à la baie de Zaratiegui. Sur un ponton, dans une cabane en bois, on arrive alors au bureau de poste le plus austral d'Argentine. On y rencontre alors le préposé, un personnage tout droit sorti d'une bande dessinée à la Corto Maltese. Le dénommé "Carlos Delorenzo" s'est autoproclamé Premier Ministre de la Isla Redonda (île située en face de son ponton), copiant en cela le célèbre Antoine de Tounens, un français loufoque qui s'était nommé Roi de Patagonie au XIXème siècle (voir à ce sujet un autre excellent livre de Jean Raspail : "Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie"). Notre cher Carlos gagne sa vie, en dehors des certainement faibles émoluments de l'administration argentine, en tamponnant les passeports des touristes de passage avec des sceaux qu'il a lui-même crées.