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Eloge du contact

Actualité Tirawa : Eloge du contact

Publié le 25.06.2020

La crise sanitaire que nous connaissons, et qui a plongé le monde dans une torpeur aussi soudaine qu’inattendue, a au moins la vertu de requestionner des cycles établis et d’ouvrir le champ des possibles. Mais pour quel avenir ? Quel monde d’après ? Et pour quels voyages ?

Vers une « société du sans contact » ?
Toute crise, surtout quand elle est si brutale, offre un terrain propice aux collapsologues de tout poil qui nous promettent l’effondrement planétaire, aux ultracrépidariens en mal de notoriété, aux thuriféraires du « dormez tranquille on s’occupe de vos vies ». Le tapis rouge est déroulé et fait la part belle aux messages anxiogènes, qui poussent au repli sur soi et à la pensée étriquée.
Le voyage est dans le collimateur. Trop polluant dans les airs, trop impactant dans les sites patrimoniaux, trop perturbant dans les communautés locales, trop folklorisant pour plaire aux touristes…

En parallèle, des nouveaux outils s’installent dans nos vies pour limiter tous les contacts, grâce notamment à la digitalisation : les « chatbot » sur les sites internet et les fameuses FAQ, qui nous répondent de façon systématique - et souvent performante, à la place d’un vrai conseiller voyage, qui saura rentrer dans le détail, l’ambiance, le service personnalisé ; le télétravail qui nous fait gagner tant de temps sur les transports, efficace pour des tâches répétitives et formalisées, mais qui freine l’innovation, la création, l’exploration et délite à terme le tissu social ; le streaming ; les restaurants drive ; les apéro zoom ; le paiement sans contact, fini le cash, la petite monnaie, le pourboire.

Enfin, les algorithmes, invisibles, concentrent notre regard sur ce qui nous plaît, ce que nous connaissons déjà. Pas besoin de contact, le produit est là.Vous avez aimé un film ? On vous en propose d’autres dans le même registre. Pas de surprise, c’est doux, plaisant, rassurant. Sur les réseaux sociaux, dans nos recherches google, les algorithmes sont conçus – là encore de façon très performante – pour nous vendre ce que nous avons déjà acheté, ce que nous savons déjà… ce que nous devons penser.

Nonobstant les mesures sanitaires indispensables aujourd’hui et nullement remises en question ici, comment ne pas s’interroger sur cette « société du sans-contact » qui nous est promise ? Sans contact, sans odeur, sans goût, sans saveur. 

Le voyage, oui, mais chez nous ?
On est bien chez nous.

Oui c’est vrai, voyager loin engendre des pollutions. Des solutions existent, mais reconnaissons-le, pas complètement satisfaisantes aujourd’hui.

Oui c’est vrai, la France est belle, l’Europe est belle, elle est à découvrir et à redécouvrir, en 2020, et chaque année. A pied, à vélo, à moto, en van, en voiture, en kayak, à cheval. Les paysages sont diversifiés et le patrimoine est d’une richesse exceptionnelle. Et pour apprécier la beauté des pays lointains, il faut aussi savoir voyager près de chez soi.

Mais derrière cette antienne, du « on est bien chez nous » à « on est chez nous », il n’y a qu’un pas, un triste pas. 

Nous sommes des êtres sociaux
Le confinement l’a montré, nous ne sommes pas des êtres de l’intime, du foyer, mais des êtres sociaux. Notre anthropologie se nourrit de relations sociales, physiques, vécues. Comment être une communauté si on ne se voit pas, si on ne rit pas ensemble, si on ne s’émerveille pas ensemble ? « Traquer la beauté » écrivait Sylvain Tesson, « c’est un peu une façon de la défendre ».

Dans une société de plus en plus normée et sans surprise, le voyage apporte sa part d’incertitude si excitante et nécessaire à nos vies : l’animal se montrera-t-il ? A l’arrivée dans un village, la rencontre avec la population sera-t-elle touchante ? Sera-t-on rempli d’émotions devant un paysage archéologique, témoignant des premiers matins du monde  ? Appréciera-t-on la gastronomie locale ? La météo permettra-t-elle d’aller au sommet ?

Le mouvement féconde l’inspiration
Pour peu que l’on s’intéresse à l’architecture, à la mode, aux savoir-faire, à la musique, à la cuisine,… le monde offre une palette incroyable d’émotions, de beautés, de talents.  Henri Vincenot, écrivain, peintre, sculpteur, du 20e siècle, marcheur également, et de culture païenne revendiquée, affirmait que l’homme qui marche ne peut être asservi. La mouvement féconde l’inspiration, l’ouverture d’esprit, permet les rencontres fortuites, nous fait sortir de notre journal intime pour entrer dans le journal du monde.

Accepter le prix écologique de notre mobilité
Nous le savons, l’utilisation d’internet (réseaux sociaux, mails, sites web, achats via des plateformes…) est aussi polluante pour notre planète que certains modes de transports. Les hérauts du « monde d’après », qui réclament l’arrêt du trafic aérien, sont pourtant les plus actifs sur internet. Nous sommes des êtres sociaux… et paradoxaux.

Néanmoins, voyager a un prix. Et les offres pas chères cachent beaucoup de misère. Certains taperont sur les touristes de masse, qui n’est autre qu’un tourisme populaire. C’est avant tout aux professionnels de construire différemment leur offre, pays hôtes et tours opérateurs. Privilégier des compagnies aériennes régulières (moins d’escales, meilleures connexions, avions récents, équipages formés), payer au juste salaire les guides locaux, leur garantir une assurance en cas d’accident, mieux gérer les flux dans les grands sites, favoriser les petits hébergements de charme / de caractère et restaurants, connaître finement les pays pour proposer des itinéraires hors des sentiers battus, …

Ce qui guide nos pas
L’histoire de Tirawa s’est construite sur des valeurs de respect, d’équilibre, de confiance, de prix juste, l’idée d’une certaine noblesse du voyage, par là-même antimoderne. Mais qui aujourd’hui fait l’unanimité et rassemble tous les acteurs du tourisme. On s’en réjouit !

Demain encore plus d’aujourd’hui, nous serons attentifs à la qualité de toutes nos prestations et services, en étroite relation avec nos guides de par le monde, car ils sont notre équipe, notre famille, vos guides.

Le pouls du monde bat en Tirawa. Vivez avec nous la magie des rencontres.

Muriel Faure,
Directrice Opérationnelle

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